Il est 3h15 du matin, le taxi brousse qui nous mène vers Nosy Bé heurte un trou béant sur la route. Ma douce berceuse s’arrête et nous sommes dans l’obligation de descendre.
J’avoue qu’au départ, je ne suis pas friande, mais il semblerait que la roue soit touchée. Je me rends, je descends.
Une chanson de JB est en fond musical. Je sens la nostalgie me gagner.
Je regarde le ciel, un magnifique drap de voie lactée se dévoile à moi. Nous sommes au milieu de nulle part, je n’ai pas peur, au contraire. Je suis touchée par autant de beauté.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas ressenti l’apaisement qu’apporte le silence de la nature.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas pris le temps de regarder, de contempler le ciel et voir tout l’amour qu’il nous donne à chaque instant.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas osé me laisser aller. Il n’y avait plus de peur à ce moment là. Il n’y a que le moment. C’est tout.
Vous imaginez bien que la roue a été réparée et que ce spectacle de la vie a bien pris fin et heureusement !

Écrire depuis un espace vrai
Aujourd’hui je t’écris depuis un espace qui est loin de ce moment, mais je sais qu’il restera à jamais imprimé à l’intérieur de moi. J’ai été trop longtemps absente de moi-même et je sais que ça t’arrive souvent de ressentir ce vide béant que tu n’arrives plus à remplir. Cette absence a été ressentie et j’avais peur de l’exprimer, alors qu’il ne s’agissait qu’une part d’ombre en moi qui demandait de la lumière. Cette part d’ombre était une âme en peine, qui souhaitait avoir de la nourriture, des biens métaphysique dans sa vie. Tu sais, ces choses « immatériello-spirituelles » souvent spoliées par nous, les êtres humains.
Cela faisait longtemps que je n’avais pas écrit depuis un espace de vérité et c’est pour cela que je n’écrivais plus, que je ne partageais plus. En vrai, au fond du fond comme on dit dans un langage pas très correct, mais parfois plus adapté: je flippais grave !
Depuis que j’ai deménagé, la peur est omniprésente. Ce qui est tout à fait paradoxal alors que je suis chez moi. Oui, je vais oser me la jouer « je ne trouve pas ma place, je suis ni d’ici ni de là-bas ». Tu sais pourquoi ? Bah parce que c’est vrai ! Ce qui est vrai, réel n’est pas toujours spécial, je remarque bien souvent que ce sont des choses très basiques. Nous avons tendance à l’oublier dans cette course effrénée de notre société qui tend vers l’appauvrissement de notre âme, notre monde intérieur: notre seule vérité, notre véritable GPS dans le chaos.
Vivre son essence véritable
Ce moment unique dans ce taxi brousse m’a renvoyé à cela, à mon essence véritable, car pendant l’espace d’un instant, j’ai vécu. Je ne veux pas dire qu’il faut à présent vivre que des moments aussi intenses, aussi beaux, car je crois qu’il serait vain et naïf de le croire. Il s’agit plutôt ici de mettre les parts d’ombre en lumière à chaque fois que nous ne ressentons plus la jouissance. Il s’agit de ce mouvement de l’intérieur vers l’extérieur et non une tentative de vouloir anesthésier son esprit dans une quête de l’extérieur vers l’intérieur.
Vivre c’est accepter que la peur est en nous, nous ne sommes pas parfaits et c’est très bien. Cela apprend l’humilité et permet d’évoluer vers ce que nous sommes vraiment.
Cela nous apprend à être moins dur envers nous-même et d’oser ressentir l’amour dans les moments de solitude.
Je n’aurais jamais imaginé qu’un trajet en taxi brousse sur une route aussi mauvaise puisse m’éclairer sur des parts de moi-même. Comme quoi, la conscience de soi n’est pas toujours accessible à travers un tapis de méditation.
Avec beaucoup d’amour ❤
D.H